Les premières séquences rappellent Ne le Dis à Personne de Guillaume Canet, manifestement très fan de ce réalisateur : la campagne, les amis, la bonne bouffe, le bon vin, les sourires. Sûrement de beaux souvenirs qui se créent. La belle maison appartient à Paul (Reggiani), un écrivain en panne d'inspiration. Il y convie régulièrement ses meilleurs amis : Vincent, François et Jean; et tout ce qui gravite autour : femmes, enfants, pièces rapportées diverses. Une pause salutaire car, une fois achevée, tout ce beau monde rejoindra la vraie vie...
Vincent (Yves Montand) est le plus visible des quatre, c'est celui qui a toujours réussi, l'idole de tous (son ex-beau-père le dit très bien : son seul prénom suffisait à susciter la confiance et l'admiration). Seulement, depuis que Catherine (Stéphane Audran), sa femme, l'a quitté, il végète et, mine de rien, laisse filer tout ce qui faisait son panache : son entreprise, autrefois florissante, accumule les dettes tandis que Marie, la jeunette resonsable de l'éviction de Catherine, commence sérieusement à s'ennuyer. Même le cœur ne tient plus, c'est la fin des haricots, la "débandade dans les gorges".
Magnifique Stéphane Audran... |
Paul est le plus chanceux des anciens. Sa femme rayonne et tous les deux s'aiment à la folie, et ce malgré les années. Il manque un peu d'inspiration, c'est vrai, mais ne semble pas s'en faire une montagne. Ça va passer. Sa femme est une épaule.
Et puis, il y a Jean (Depardieu, dans l'un de ses premiers rôles), beaucoup plus jeune. Il bosse pour Vincent. Sa femme est enceinte, c'est le début de la vie pour lui. Il se cherche un peu. Mécanique/Boxe, son cœur balance. Son premier vrai combat lui permettra d'y voir un peu plus clair. Un combat prenant, viril et magnifiquement filmé, que ce soit sur le ring ou dans les tribunes (l'asymétrie entre les rangs du même camp : les fervents enragés s'opposent aux calmes et anxieux). Un combat qui fera parler, surtout avant, et qui révèlera quelques fissures.
Le film est intéressant parce qu'il témoigne avec finesse d'une sorte de basculement (dans un sens comme dans l'autre). Les plus solides et respectés lâchent prise. Bien que quinquagénaires, Vincent, François et Paul semblent en effet connaître leurs premiers vrais échecs. Ils sont mûrs (pas de crise de jalousie ici, on ne se demande pas pour qui elle est partie, mais plutôt pourquoi...) mais découvrent encore la vie, sa fragilité, et quelques fois aussi sa grande cruauté. Le plus jeune, quant à lui, avance et fait ses premiers vrais choix. On aime imaginer la suite, les rebonds éventuels, les surprises. Un propos universel, juste et presque intemporel.
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