Le hasard faisant bien les choses, elle va commencer par le plus important : un homme qui la traite bien (Bouli Lanners, tout en subtilité). Puis, rattrapée par la vraie vie, elle va oser mettre celui-ci de côté, juste un instant. Pour aller plus loin, pour s'ouvrir et trouver encore plus. Elle en a tant besoin.
Là-bas, plus loin, elle retrouve la confiance, un peu de joie et d'entrain. Des trouvailles qu'elle compte bien partager avec tous les laissés-pour-compte qu'elle croisera ou retrouvera (une vieille dame seule à qui la jeunesse et les proches manquent terriblement, une jeune femme exploitée, et sa propre fille). Le film réussit à montrer ça (vraiment), cette sincérité, cette humilité. Et c'est en cela qu'il est à la fois beau et fort.
Karin Viard est assez remarquable dans ce rôle, même s'il faut un petit peu de temps pour se faire à son débit hésitant de femme paumée et dépendante (on a envie de la secouer). Une fois que son personnage retrouve un minimum de fierté, l'actrice se lâche et peut s'exprimer pleinement, avec tout le talent qu'on lui connaît.
Bouli Lanners, quant à lui, entouré de deux frères simplets incroyables de fraîcheur et de justesse (Pascal Demolon et le Philippe Rebbot de Mariage à Mendoza), réussit l'exploit d'exister et même de toucher. Chapeau à ces trois bons mecs pour leur réelle capacité à tirer vers le haut chacune des scènes dans lesquelles ils apparaissent.
Au fond, cette tranche de vie, ce tournant contemplatif, est un film d'acteurs, de regards, plein de tendresse, pas parfait, quelques fois maladroit même (les scènes avec la jeune exploitée ou à l'hôtel font un peu forcées), mais qui a le (grand) mérite d'éveiller.
Solène Rigot |
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