Get on Up (Tate Taylor)

Je connaissais mal James Brown, je savais juste qu'il était un peu foufou, sur scène du moins. Je pensais à ses costumes, à sa transpiration ou à son apparition dans Rocky IV, mais ça n'allait pas plus loin.
Tate Taylor (sûrement bien aiguillé par les Studios et les producteurs) propose quelque chose d'assez classique et attendu. On est face à un format. On sent la commande, le truc tout prêt. Il y a ce grain (jaune), cette ambiance (costumes, scènes) qui sentent aussi le réchauffé. On pense souvent au film Le Majordome, par exemple.

L'acteur principal (Chadwick Boseman) donne beaucoup, c'est vrai. Il ne chante pas mais assume toutes les scènes dansées. Il est habité. Bémol : sa voix, insupportable, presque autant que celle de Seth Rogen.. On se demande si c'est forcé, pour coller au personnage, ou s'il s'agit juste d'un timbre naturel dégueulasse. À la fin du film, on a quelques éléments de réponse : on y voit le vrai James Brown s'exprimer, et sa voix est tout à fait suave; ce n'est donc pas une imitation (ou alors c'est raté). Bref, déjà que le personnage est très antipathique, ce détail n'arrange rien. On le déteste, on a envie qu'il souffre.

Autre bémol : le schéma, classique donc, formaté, appuyé (l'introduction est grotesque) et démonstratif. De manière générale, chaque grosse scène est précédée d'un passage (plus ou moins long) censé l'expliquer ou la justifier. C'est visible, pas fin.

Il a souffert, a eu une enfance difficile, un père alcoolique, une mère absente. Il en a bavé et semble reproduire pas mal de choses (il est odieux, jaloux, se drogue, a quelques fois la main ferme). Il est con, oui, mais a ses raisons. C'est un peu le message du film. Limite, quoi.
Quelques bons passages malgré tout, comme à la fin, quand James, seul au monde, fait enfin un pas vers le seul ami qu'il ait jamais eu; ou quand, sur scène, bien que grossièrement maté par l'une des choristes (magnifique), il n'a d'yeux que pour une groupie grassouillette du public. Elle deviendra sa femme.